Quand j’ai eu 0 ans,
Dans la belle cité de Carcassonne,
Mes cris de nouveau né innocent,
Encore maintenant résonnent.
Pourtant en ce temps là,
La fortune souriait aux audacieux.
Bien aventureux et courageux,
Une femme, un homme, deux
Partis un jour de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Oh ! Mon dieu ! Je ne sais pas.
Je suis un enfant, j’ai peur du noir,
Je suis né le premier de trois,
Je suis seulement né là,
Prés des majestueux remparts
Tout prés d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 10 ans,
J’ai quitté le printemps,
Celui qui règne sans partage
Sur les terroirs riches de Bergame,
J’ai trouvé un soleil rouge, cuisant,
Des terres brûlées et arides,
Des hommes tristes, aigris,
Et des puissants d’alors, pétris de colère,
D’entendre mon accent austère
Mon nom qui chante les i de mon pays
Mon prénom que je ne sais pas dire,
Entonnoir …
J’entends encore leur rire,
Je vois encore dans ma mémoire,
Les regards vils et moqueurs,
Qui cachent cette indécente peur.
Cette peur irraisonnée, curieuse
De celui qui vient d’ailleurs …
Et qui parle avec les mains,
L’étranger italien.
Hélas ! En ce temps là,
Trop aventureux, trop courageux,
Une femme, un homme, deux,
Repartis un jour de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je ne sais toujours pas.
Je suis né prés des remparts
Je suis né le premier de trois
Tout près d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 20 ans,
J’ai pris ma revanche.
Montrer à tous ces imbéciles,
Qu’un nom qui chante en i,
Vaut mieux que dix noms en on,
Ceux là même qui cachent la honte,
D’avoir cru en Vichy,
Et d’avoir sans état d’âme,
Trahi les symboles de la patrie.
J’ai pris les armes.
Comme en ce temps là,
Courageux et aventureux,
Une femme, un homme, deux,
Partis sans réfléchir de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je ne sais encore pas,
Je ne suis pas né pour être soldat,
Je suis né près des remparts
Je suis né le premier de trois
Tout près d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 30 ans,
J’ai fais quelque chose d’incroyable.
J’aurais pu monter à Paris,
Voir ces merveilles que j’imagine
Un vainqueur dans la capitale
Un puissant, un chef de projet,
Peut-être même rencontrer
Des hommes valeureux et célèbres
A qui j’aurais glorifié mes ancêtres …
Oui, j’aurais pu conquérir Paris
Mais je suis resté ici.
Sur ces terres pauvres et arides.
Parce qu’en ce temps là,
Une femme, un homme, deux,
Par trop aventureux et courageux,
Partis sans regret de Bergame,
Pour trouver … pour trouver quoi ?
Je commence à voir,
A comprendre pourquoi je suis né là,
Non loin des remparts.
Pourquoi le premier de trois
Tout prés d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 40 ans,
J’ai dit : ça suffit.
Je ne veux plus perdre sang et eau,
Trimer sans fin pour les autres.
Je sais que je vaux mieux,
Même si mon nom chante les i,
Mon rêve est celui des audacieux.
Pour moi et les miens
Maintenant je veux donner mes mains,
Mon sang bouillant d’italien.
Offrir à mes enfants
Si ce n’est une terre riche et prospère,
Au moins le prix de la vaillance,
Comme leur grand-mère, leur grand-père,
Comme en ce temps là,
Une femme et un homme, deux,
Admirablement courageux et aventureux,
Partis très loin de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Maintenant je crois savoir pourquoi
Je suis né là près des remparts.
Je suis né le premier de trois
Tout prés d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 50 ans,
Montbrun m’a semblé trop petit,
La mer, au-delà du Mont Alaric,
M’a rappelé qu’entreprendre
Etait bien plus illustre,
Et surtout plus gratifiant
Que regarder des gars rustres
Empêtrés dans leurs certitudes
Et leurs malheureuses servitudes.
Même si dans mon sillage,
J’ai entraîné femme et enfants,
Même si prendre le large,
Leur a paru fou et inquiétant,
J’ai fait comme en ce temps-là,
Une femme et un homme, deux
Courageux et aventureux,
Partis sans rien de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je sais pourquoi,
Je suis né là, près des remparts,
Je suis né le premier de trois,
Tout prés d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 60 ans,
Il n’était pas encore temps,
D’arrêter mes ballades
De prendre le recul suffisant
Pour les laisser partir devant.
Je pose juste un regard,
Mais c’est difficile,
De rester sur le côté,
Tout ça je l’ai bâti,
Oui, pour vous, pour la prospérité,
Mais c’est moi qui l’ai construit
Le rêve d’un petit italien
Qui chantait son nom en i,
La gloire des gens de rien,
Qui, un jour, sont partis
Comme en ce temps là,
Une femme, un homme, deux,
Bien aventureux et courageux,
Loin des terres riches de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je crois que je sais pourquoi je suis né là,
Près des remparts, le premier de trois,
Tout près d’ici, sans le vouloir.
Aujourd’hui, moi qui vous parle,
J’ai 70 ans,
De mon histoire je suis avare,
Mais je me demande souvent,
En des temps plus cléments
Si cette femme et cet homme, deux,
Trop courageux et aventureux,
N’avaient pas décidé de partir
Des belles contrées de Bergame,
Comment aurait été ma vie ?
Comment aurais-je accompli mon voyage ?
Où serait le gamin qui chantait son nom en i ?
Et bien, sachez-le, il ne serait pas ici.
Et ils n’existeraient pas autant de petits i
Julien, Jérôme, Camille
Pauline, Elodie, Thomas, Alix
Mon rêve, mon avenir.
Oui. En ce temps là,
Une femme et un homme, deux,
Oh ! Combien audacieux !
Se sont éloignés en maître
Un jour, comme ça, de Bergame,
Ils avaient un rêve,
Ce fut sans doute le mien,
Celui d’un petit italien
Qui ne demandait rien à personne
C’est pour lui que je suis né là,
Près des remparts de Carcassonne,
Je suis né le premier de trois,
Tout près d’ici, sans le vouloir.
Publié dans Le Chant du Poète par Corinne Giacometti
Dans la belle cité de Carcassonne,
Mes cris de nouveau né innocent,
Encore maintenant résonnent.
Pourtant en ce temps là,
La fortune souriait aux audacieux.
Bien aventureux et courageux,
Une femme, un homme, deux
Partis un jour de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Oh ! Mon dieu ! Je ne sais pas.
Je suis un enfant, j’ai peur du noir,
Je suis né le premier de trois,
Je suis seulement né là,
Prés des majestueux remparts
Tout prés d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 10 ans,
J’ai quitté le printemps,
Celui qui règne sans partage
Sur les terroirs riches de Bergame,
J’ai trouvé un soleil rouge, cuisant,
Des terres brûlées et arides,
Des hommes tristes, aigris,
Et des puissants d’alors, pétris de colère,
D’entendre mon accent austère
Mon nom qui chante les i de mon pays
Mon prénom que je ne sais pas dire,
Entonnoir …
J’entends encore leur rire,
Je vois encore dans ma mémoire,
Les regards vils et moqueurs,
Qui cachent cette indécente peur.
Cette peur irraisonnée, curieuse
De celui qui vient d’ailleurs …
Et qui parle avec les mains,
L’étranger italien.
Hélas ! En ce temps là,
Trop aventureux, trop courageux,
Une femme, un homme, deux,
Repartis un jour de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je ne sais toujours pas.
Je suis né prés des remparts
Je suis né le premier de trois
Tout près d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 20 ans,
J’ai pris ma revanche.
Montrer à tous ces imbéciles,
Qu’un nom qui chante en i,
Vaut mieux que dix noms en on,
Ceux là même qui cachent la honte,
D’avoir cru en Vichy,
Et d’avoir sans état d’âme,
Trahi les symboles de la patrie.
J’ai pris les armes.
Comme en ce temps là,
Courageux et aventureux,
Une femme, un homme, deux,
Partis sans réfléchir de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je ne sais encore pas,
Je ne suis pas né pour être soldat,
Je suis né près des remparts
Je suis né le premier de trois
Tout près d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 30 ans,
J’ai fais quelque chose d’incroyable.
J’aurais pu monter à Paris,
Voir ces merveilles que j’imagine
Un vainqueur dans la capitale
Un puissant, un chef de projet,
Peut-être même rencontrer
Des hommes valeureux et célèbres
A qui j’aurais glorifié mes ancêtres …
Oui, j’aurais pu conquérir Paris
Mais je suis resté ici.
Sur ces terres pauvres et arides.
Parce qu’en ce temps là,
Une femme, un homme, deux,
Par trop aventureux et courageux,
Partis sans regret de Bergame,
Pour trouver … pour trouver quoi ?
Je commence à voir,
A comprendre pourquoi je suis né là,
Non loin des remparts.
Pourquoi le premier de trois
Tout prés d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 40 ans,
J’ai dit : ça suffit.
Je ne veux plus perdre sang et eau,
Trimer sans fin pour les autres.
Je sais que je vaux mieux,
Même si mon nom chante les i,
Mon rêve est celui des audacieux.
Pour moi et les miens
Maintenant je veux donner mes mains,
Mon sang bouillant d’italien.
Offrir à mes enfants
Si ce n’est une terre riche et prospère,
Au moins le prix de la vaillance,
Comme leur grand-mère, leur grand-père,
Comme en ce temps là,
Une femme et un homme, deux,
Admirablement courageux et aventureux,
Partis très loin de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Maintenant je crois savoir pourquoi
Je suis né là près des remparts.
Je suis né le premier de trois
Tout prés d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 50 ans,
Montbrun m’a semblé trop petit,
La mer, au-delà du Mont Alaric,
M’a rappelé qu’entreprendre
Etait bien plus illustre,
Et surtout plus gratifiant
Que regarder des gars rustres
Empêtrés dans leurs certitudes
Et leurs malheureuses servitudes.
Même si dans mon sillage,
J’ai entraîné femme et enfants,
Même si prendre le large,
Leur a paru fou et inquiétant,
J’ai fait comme en ce temps-là,
Une femme et un homme, deux
Courageux et aventureux,
Partis sans rien de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je sais pourquoi,
Je suis né là, près des remparts,
Je suis né le premier de trois,
Tout prés d’ici, sans le vouloir.
Quand j’ai eu 60 ans,
Il n’était pas encore temps,
D’arrêter mes ballades
De prendre le recul suffisant
Pour les laisser partir devant.
Je pose juste un regard,
Mais c’est difficile,
De rester sur le côté,
Tout ça je l’ai bâti,
Oui, pour vous, pour la prospérité,
Mais c’est moi qui l’ai construit
Le rêve d’un petit italien
Qui chantait son nom en i,
La gloire des gens de rien,
Qui, un jour, sont partis
Comme en ce temps là,
Une femme, un homme, deux,
Bien aventureux et courageux,
Loin des terres riches de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je crois que je sais pourquoi je suis né là,
Près des remparts, le premier de trois,
Tout près d’ici, sans le vouloir.
Aujourd’hui, moi qui vous parle,
J’ai 70 ans,
De mon histoire je suis avare,
Mais je me demande souvent,
En des temps plus cléments
Si cette femme et cet homme, deux,
Trop courageux et aventureux,
N’avaient pas décidé de partir
Des belles contrées de Bergame,
Comment aurait été ma vie ?
Comment aurais-je accompli mon voyage ?
Où serait le gamin qui chantait son nom en i ?
Et bien, sachez-le, il ne serait pas ici.
Et ils n’existeraient pas autant de petits i
Julien, Jérôme, Camille
Pauline, Elodie, Thomas, Alix
Mon rêve, mon avenir.
Oui. En ce temps là,
Une femme et un homme, deux,
Oh ! Combien audacieux !
Se sont éloignés en maître
Un jour, comme ça, de Bergame,
Ils avaient un rêve,
Ce fut sans doute le mien,
Celui d’un petit italien
Qui ne demandait rien à personne
C’est pour lui que je suis né là,
Près des remparts de Carcassonne,
Je suis né le premier de trois,
Tout près d’ici, sans le vouloir.
Publié dans Le Chant du Poète par Corinne Giacometti
10 commentaires:
Une jolie bio poétique.
Bon week-end
Vive le nouveau blog !
merci à vous et bienvenue
Coucou plume
Oh je connais ce chant...
très beau...
Et vive ton nouveau blog sous ta belle plume
Bisou
Béa
Merci de m'avoir mis dans tes liens; je vais faire de même.
De plus, j'aimerais recevoir ta newsletter.
Bisous
Il est très beau ce poème, vraiment très beau.
oh j'aime beaucoup !
je sais c'est court comme com mais vraiment j'aime beaucoup
bonne soirée
Un poème qui interpelle. Merci, Plume.
Chacun se retrouve dans ce poème.
Poèmes que je lis toujours à haute voix lorsque je suis seule. Je trouve qu'ils prennent une toute autre dimension.
Merci Plume de nous offir la magie des mots. Ces mots que j'aime lire ou entendre.
Chaleureusement.
Do.
Il semble que vous soyez un expert dans ce domaine, vos remarques sont tres interessantes, merci.
- Daniel
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