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Bienvenue chez Plume (Corinne Giacometti), auteur de romans à suspens, poète à ses heures et photographe amateur.
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dimanche 28 septembre 2008

Roman : La Plume et l'envol





Au cœur du XVIIe siècle, un jeune poète se heurte à un destin qu'il ne reconnaît pas comme le sien. De ce parcours chaotique, il devra braver épreuves, fourberies et faire face à la désolation. Pourtant, il sera également frappé par l'Amour en rencontrant la Muse dont il n'osait rêver...

Par Sophia Balestri, au Editions Le Manuscrit



Synopsis


Printemps 1667, dans le Sud Ouest de la France.

Descendant d'une longue lignée de militaires, Almonis ne vit cependant que pour la poésie et s'évade continuellement vers son univers idyllique. La mort tragique de son frère cadet l'entraînera, bien malgré lui, à s'engager vers ce qu'il abhorre : une carrière de soldat. Déchiré, il quittera son village natal pour un sombre chemin vers l'inconnu.

Contre toute attente, sa route croisera celles de personnages hauts en couleurs, et ce qui ne devait être qu'une halte pour son enrôlement se révèlera une résurrection ; l'amour, qu'il a toujours sublimé s'incarnera sous les traits de Lisore, noble orpheline sous la tutelle de son frère, se refusant aux contraintes de son rang et partageant ses idéaux. La jeune femme au tempérament enflammé l'initiera aux vertiges de la passion et éveillera en lui une force originelle jusque là ignorée. Dès lors, ils lutteront âprement pour leur liberté naissante.

Cette foi absolue suffira-t-elle à les préserver de leurs sorts ?


Extrait


Je travaillais dans la ville où j’avais vu le jour ; seule la classe bourgeoise y avait le privilège d’un enseignement accompli. Alors que tous les jeunes garçons d’origine modeste devaient se contenter de trois ou quatre années de petite école - d’où l’on ressortait en sachant à peine lire et écrire - j’avais eu la chance de recevoir l’enseignement secondaire d’un ancien maître, en échange de services rendus. Le vieil homme s’était fort réjoui de mon assistance et s’était efforcé, avec bonté, de satisfaire ma soif intarissable de savoir. J’avais très vite pris conscience de la portée de cette faveur, n’étant que le fils aîné d’un couple d’aubergistes. Nous étions quatre frères et sœur : Laken, mon cadet, engagé dans l’armée royale selon la tradition familiale maternelle, Amélie ou, l’incarnation vivante de la douceur, et Oscar le benjamin, notre facétieux jouvenceau.

Degoisvenelles était un site très couru, car il ne se trouvait qu’à vingt lieues de la ville principale du Comté, Montmissac, juste aux abords de la route qui traversait la région. De nombreux voyageurs faisaient halte chez nous, ce qui nous procurait l’aisance nécessaire à une existence tranquille. Cependant, cela ne suffisait pas à nos parents qui, toujours plus exigeants quant à nos revenus requéraient plus de confort. Notre mère s’obstinait à ce que je change de profession car l’écriture ne m’amenait selon elle, qu’à fréquenter les turlupins et dépenser le sou. Elle citait celle de mon frère en digne exemple ; bien que j’admirais mon cadet pour sa bravoure, je ne pouvais m’imaginer un instant dans cette activité quasi-barbare, n’ayant de noble que l’étendard…

Notre génitrice ne le tolérait point, descendante directe d’une longue lignée de militaires. Cette dernière avait coutume de transformer ces simples soldats en héros prestigieux, dans les interminables récits qu’elle nous avait relatés des centaines de fois. Dans les faits, seul son aîné, que nous ne connaissions qu’à travers leur correspondance, s’était illustré lors de batailles victorieuses et avait terminé sa carrière en gradé. Veuve très jeune d’un bas officier qu’elle avait fort admiré, elle avait conservé une certaine nostalgie de ces distinctions. Elle ne s’était jamais consolée de son second mariage avec notre père, bon économe mais vulgaire aubergiste. Nous avions grandi entre les exploits exagérés de ses aïeux et les remontrances à notre géniteur quant à sa terne condition.

Pour ma part, je n’avais que dédain pour l’armée et ses principes de guerre qui me rebutaient ; je n’y voyais que des hommes rustres et balourds, prêts à s’entretuer. Je sus bien plus tard que des âmes courageuses ornaient aussi ces garnisons.

samedi 27 septembre 2008

Poésie : Bergame

Quand j’ai eu 0 ans,
Dans la belle cité de Carcassonne,
Mes cris de nouveau né innocent,
Encore maintenant résonnent.
Pourtant en ce temps là,
La fortune souriait aux audacieux.
Bien aventureux et courageux,
Une femme, un homme, deux
Partis un jour de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Oh ! Mon dieu ! Je ne sais pas.
Je suis un enfant, j’ai peur du noir,
Je suis né le premier de trois,
Je suis seulement né là,
Prés des majestueux remparts
Tout prés d’ici, sans le vouloir.

Quand j’ai eu 10 ans,
J’ai quitté le printemps,
Celui qui règne sans partage
Sur les terroirs riches de Bergame,
J’ai trouvé un soleil rouge, cuisant,
Des terres brûlées et arides,
Des hommes tristes, aigris,
Et des puissants d’alors, pétris de colère,
D’entendre mon accent austère
Mon nom qui chante les i de mon pays
Mon prénom que je ne sais pas dire,
Entonnoir …
J’entends encore leur rire,
Je vois encore dans ma mémoire,
Les regards vils et moqueurs,
Qui cachent cette indécente peur.
Cette peur irraisonnée, curieuse
De celui qui vient d’ailleurs …
Et qui parle avec les mains,
L’étranger italien.
Hélas ! En ce temps là,
Trop aventureux, trop courageux,
Une femme, un homme, deux,
Repartis un jour de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je ne sais toujours pas.
Je suis né prés des remparts
Je suis né le premier de trois
Tout près d’ici, sans le vouloir.

Quand j’ai eu 20 ans,
J’ai pris ma revanche.
Montrer à tous ces imbéciles,
Qu’un nom qui chante en i,
Vaut mieux que dix noms en on,
Ceux là même qui cachent la honte,
D’avoir cru en Vichy,
Et d’avoir sans état d’âme,
Trahi les symboles de la patrie.
J’ai pris les armes.
Comme en ce temps là,
Courageux et aventureux,
Une femme, un homme, deux,
Partis sans réfléchir de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je ne sais encore pas,
Je ne suis pas né pour être soldat,
Je suis né près des remparts
Je suis né le premier de trois
Tout près d’ici, sans le vouloir.

Quand j’ai eu 30 ans,
J’ai fais quelque chose d’incroyable.
J’aurais pu monter à Paris,
Voir ces merveilles que j’imagine
Un vainqueur dans la capitale
Un puissant, un chef de projet,
Peut-être même rencontrer
Des hommes valeureux et célèbres
A qui j’aurais glorifié mes ancêtres …
Oui, j’aurais pu conquérir Paris
Mais je suis resté ici.
Sur ces terres pauvres et arides.
Parce qu’en ce temps là,
Une femme, un homme, deux,
Par trop aventureux et courageux,
Partis sans regret de Bergame,
Pour trouver … pour trouver quoi ?
Je commence à voir,
A comprendre pourquoi je suis né là,
Non loin des remparts.
Pourquoi le premier de trois
Tout prés d’ici, sans le vouloir.

Quand j’ai eu 40 ans,
J’ai dit : ça suffit.
Je ne veux plus perdre sang et eau,
Trimer sans fin pour les autres.
Je sais que je vaux mieux,
Même si mon nom chante les i,
Mon rêve est celui des audacieux.
Pour moi et les miens
Maintenant je veux donner mes mains,
Mon sang bouillant d’italien.
Offrir à mes enfants
Si ce n’est une terre riche et prospère,
Au moins le prix de la vaillance,
Comme leur grand-mère, leur grand-père,
Comme en ce temps là,
Une femme et un homme, deux,
Admirablement courageux et aventureux,
Partis très loin de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Maintenant je crois savoir pourquoi
Je suis né là près des remparts.
Je suis né le premier de trois
Tout prés d’ici, sans le vouloir.

Quand j’ai eu 50 ans,
Montbrun m’a semblé trop petit,
La mer, au-delà du Mont Alaric,
M’a rappelé qu’entreprendre
Etait bien plus illustre,
Et surtout plus gratifiant
Que regarder des gars rustres
Empêtrés dans leurs certitudes
Et leurs malheureuses servitudes.
Même si dans mon sillage,
J’ai entraîné femme et enfants,
Même si prendre le large,
Leur a paru fou et inquiétant,
J’ai fait comme en ce temps-là,
Une femme et un homme, deux
Courageux et aventureux,
Partis sans rien de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je sais pourquoi,
Je suis né là, près des remparts,
Je suis né le premier de trois,
Tout prés d’ici, sans le vouloir.

Quand j’ai eu 60 ans,
Il n’était pas encore temps,
D’arrêter mes ballades
De prendre le recul suffisant
Pour les laisser partir devant.
Je pose juste un regard,
Mais c’est difficile,
De rester sur le côté,
Tout ça je l’ai bâti,
Oui, pour vous, pour la prospérité,
Mais c’est moi qui l’ai construit
Le rêve d’un petit italien
Qui chantait son nom en i,
La gloire des gens de rien,
Qui, un jour, sont partis
Comme en ce temps là,
Une femme, un homme, deux,
Bien aventureux et courageux,
Loin des terres riches de Bergame,
Pour trouver … Pour trouver quoi ?
Je crois que je sais pourquoi je suis né là,
Près des remparts, le premier de trois,
Tout près d’ici, sans le vouloir.

Aujourd’hui, moi qui vous parle,
J’ai 70 ans,
De mon histoire je suis avare,
Mais je me demande souvent,
En des temps plus cléments
Si cette femme et cet homme, deux,
Trop courageux et aventureux,
N’avaient pas décidé de partir
Des belles contrées de Bergame,
Comment aurait été ma vie ?
Comment aurais-je accompli mon voyage ?
Où serait le gamin qui chantait son nom en i ?
Et bien, sachez-le, il ne serait pas ici.
Et ils n’existeraient pas autant de petits i
Julien, Jérôme, Camille
Pauline, Elodie, Thomas, Alix
Mon rêve, mon avenir.
Oui. En ce temps là,
Une femme et un homme, deux,
Oh ! Combien audacieux !
Se sont éloignés en maître
Un jour, comme ça, de Bergame,
Ils avaient un rêve,
Ce fut sans doute le mien,
Celui d’un petit italien
Qui ne demandait rien à personne
C’est pour lui que je suis né là,
Près des remparts de Carcassonne,
Je suis né le premier de trois,
Tout près d’ici, sans le vouloir.

Publié dans Le Chant du Poète par Corinne Giacometti